Lieu : Marly-le-Roi (78)
Calendrier : Concours 2022
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Marly-le-Roi
Budget : 2,3 M€ HT
Surface : 2 502 m²
Equipe maîtrise d’oeuvre : Studio 1984 (mandataire)
C2P (économie)
CHOULET (fluides-thermique-HQE)
TISCO Ingénierie (structure)
GAMBA (acoustique)
FORR (paysage)
2IDF (vrd)
Images : ailleurs.studio
Affirmer la présence urbaine de l’équipement, préserver les qualités patrimoniales du site :
Les qualités paysagères du site offrent l’opportunité unique de bâtir en centre-ville un ensemble architectural ambitieux qui s’insère en finesse dans le contexte végétal. À la recherche de l’équilibre subtil entre la présence urbaine du nouvel équipement et une attitude discrète dans le contexte patrimonial du parc Jean Witold, le conservatoire présente une architecture contemporaine assumée qui fait écho à l’identité Art déco du lieu. Il en prolonge et réinterprète certaines caractéristiques marquantes : une géométrie simple, des formes souples, une symbiose du végétal et du bâti. Le travail architectural mené sur la topographie est guidé par une double ambition : s’insérer avec subtilité et s’affirmer sans heurter. Ainsi, si vue de l’est et de l’ouest l’extension disparaît laissant la lecture des façades principales de la maison Jean Witold intégralement préservée, le parvis nord organise l’accès de manière claire et lisible. Cet espace public majeur, accueillant et convivial met en relation l’équipement avec le centre culturel Jean Villard manifestant la cohérence d’un pôle culturel d’envergure. Le conservatoire, les bras grands ouverts vers le jardin, offre depuis le parking une séquence d’accès fluide qui invite naturellement à découvrir les activités qu’il accueille. La composition générale du plan masse apparaît alors comme une évidence, complétant le dessin historique du parc au service de ses usages contemporains.
Une intervention respectueuse, entre sobriété et sophistication :
L’intervention s’attache à conserver au maximum l’identité de la maison Witold tant dans son architecture singulière que dans sa relation au jardin. Au sud, à l’est et à l’ouest, l’aménagement des abords est restitué à l’identique malgré quelques adaptations mineures liées à la sécurité. Au nord en revanche l’interruption de la terrasse périphérique et la présence d’équipements techniques présentent un aspect inachevé. Le projet est donc l’occasion de conforter l’intégrité de ces prolongements extérieurs par la mise en place d’une terrasse nord en toiture de l’extension. Ce dispositif assoit la maison sur son socle, redonnant à la façade nord une échelle cohérente. On peut désormais faire le tour de l’édifice de plain-pied et découvrir une nouvelle perspective vers le centre culturel Jean Villard. De la même manière la conception des aménagements intérieurs s’applique à préserver tant que possible les qualités de l’architecture héritée. Ainsi l’escalier principal est maintenu grâce à une stratégie d’encloisonnement permettant de satisfaire aux exigences de la défense incendie. Un travail précis sur les simulations acoustiques et un dialogue étroit avec les usagers devraient permettre de conserver les sols existants en mosaïque notamment en rez-de-chaussée. Malgré l’intégration d’un ascenseur de dimension considérable – qui devra également faire l’objet d’une discussion approfondie – l’organisation spatiale du plan respecte la logique distributive d’origine de la maison donnant à lire l’évolution de ses usages dans le temps.
L’extension assume par contraste son caractère contemporain. Largement vitrés, les espaces intérieurs animent le parvis manifestant le caractère public de l’équipement. L’espace fédérateur du hall s’ouvre en transparence sur un patio généreux et distribue de manière optimale toutes les fonctions. La clarté du plan oriente naturellement les usagers vers l’escalier monumental, éclairé naturellement, menant au rez-de-chaussée. À l’articulation entre l’espace administratif et le hall, le secrétariat organise le contrôle d’accès à l’établissement. Au calme sur le patio, le bureau du directeur et la salle des professeurs sont au cœur de la vie de l’équipement. Les circulations proposent une expérience spatiale singulière et riche.
Une matérialité située :
Le projet propose une réinterprétation contemporaine de la minéralité des façades de la maison Witold par la mise en œuvre d’un béton de site. L’étude de sol montre les possibilités de réemploi in situ des matériaux excavés qui, intégrés à une formulation précise contenant du ciment, des dispersants et des adjuvants, permettent de produire des murs porteurs largement décarbonés. En effet l’exploitation et le transport du sable et des agrégats habituellement présents dans le béton sont réduits au minimum. La teinte ainsi obtenue et les irrégularités inhérentes à ce matériau résonnent subtilement avec celles de la maçonnerie en pierre de meulière. Elle évoque également la composition par strates géologiques du sol, mettant en évidence l’inscription de l’édifice dans le terrain. Le sol et la toiture nécessitant des performances mécaniques plus exigeantes sont traités en béton blanc. Leur aspect lisse tranche avec la nature tellurique des murs en béton de site et dialogue avec les linteaux de la maison Witold. Ce jeu de contrastes fait ainsi le lien entre l’ancien et le nouveau, inscrivant sans pastiche l’extension dans une continuité visuelle et symbolique.