Options architecturales :

La sobriété architecturale du projet articule l’identité faubourienne de la rue et l’expression rationaliste de la barre de logement. L’écriture des façades est pensée comme un trait d’union entre les différentes échelles et périodes du bâti environnant. 

Une composition ample, généreuse et régulière dialogue avec la rigueur des percements des bâtiments voisins. La minéralité et la pesanteur affirmée de l’immeuble lui confère un caractère résolument urbain et conforte la continuité de la rue des Meuniers. La trame régulière exprime la rationalité constructive de l’édifice dans toute sa simplicité. Un travail minutieux sur les teintes et les textures du béton sophistique son image. Issu d’un choix précis d’agrégat dans les carrières du bassin parisien (st Maximin, etc.), le béton blanc est naturellement coloré par les fines qui lui confèrent une teinte familière,  proche de la pierre traditionnellement utilisé à Paris. Bien que très lisse, une subtile différence de texture du béton fait apparaitre une modénature changeante en fonction de la lumière.

La préfabrication, au-delà de son intérêt en termes de réduction des nuisances de chantier, garantit la parfaite finition des surfaces et de la mise en œuvre. 

La forte épaisseur des bandeaux garantit l’intimité des logements et des loggias notamment par la mise en place d’une allège pleine de 45 cm qui dissimule aux regards extérieurs l’appropriation de l’espace par les habitants. Ils sont également dimensionnés pour absorber les complexes des toitures végétalisées. Les piles d’angles dessinent un volume identifié et offrent aux loggias calme et intimité. 

Si la structure primaire offre une apparence unitaire, l’équipement de petite enfance est intégralement bâti en bois. Outre sa qualité écologique manifeste et sa rapidité de mise en œuvre, ce mode constructif offre un excellent confort hygrothermique et apporte à l’intérieur comme à l’extérieur une ambiance domestique chaleureuse. Là aussi la vérité constructive s’exprime dans les façades dont la structure est apparente et dans les sous-faces de toiture laissées apparentes.

Insertion du programme dans le site et mise en perspective de l’équipement de petite enfance et de logements, tout en valorisant l’existant :

L’implantation du projet est le fruit d’un travail minutieux sur les gabarits et l’impact des constructions par rapport au voisinage. La mise en valeur des qualités végétales du site permet d’insérer finement l’opération dans le tissu urbain, renforçant la composition urbaine à l’échelle de l’îlot et du quartier. L’emprise bâtie s’organise donc autour des arbres existants qui sont presque tous conservés et valorisés. 

Sur la rue des Meuniers, le front urbain est complété par l’implantation du bâtiment de logement, qui accolé au pignon voisin en habille l’héberge. Les 20 logements qu’il accueille articulent des volumes variés et identifiés. Ainsi l’immeuble fait le lien entre la géométrie très marquée de la barre et celle du parcellaire historique du quartier  par une succession de façades progressivement décalées. Appuyé sur les lignes de force du contexte, il reconstitue un cœur d’îlot végétalisé, protégé de l’activité urbaine. 

Le respect des alignements tant sur la rue des Meuniers et sur la rue Jules Pichard que sur les constructions voisines, conforte la logique urbaine et permet d’articuler les échelles du bâti. La volumétrie est sculptée de manière à offrir une figure de proue d’îlot sur la rue des Meuniers et le nouveau parvis public. 

La forte hauteur de la barre de logement générant des vis-à-vis au sens de la figure 17 du PLU de Paris sur une bonne partie du site, l’orientation des façades sud et la volumétrie générale sont guidées par l’optimisation des dégagements visuels sur le coeur d’îlot.

Un retrait conséquent en mitoyenneté, au-delà du respect réglementaire de 6m vis-à-vis de la vue principale voisine, offre un dégagement de plus de 9m constituant une politesse supplémentaire et une réelle plus-value en termes d’orientation et de vue vers l’est. Ainsi malgré une très forte compacité, le bâtiment offre une grande diversité volumétrique et un élancement manifeste. Les différentes hauteurs entretiennent un dialogue apaisé avec les immeubles voisins, l’espace public et le jardin de la résidence au service d’une insertion urbaine fortement contextuelle et attentive aux qualités du site.

Conservation de la qualité paysagère :

Le projet de crèche, logements et parcs de stationnement s’inscrit dans une opération globale de réhabilitation du groupe Charenton-Meunier (îlot fermé situé entre la rue de Charenton et de la rue des Meuniers et délimité par la rue Nicolaï au nord et la rue des jardiniers au Sud) dont l’objectif principal est de réorganiser le rapport au sol du bâti, avec création d’espaces paysagers et d’augmenter la qualité et le nombre des services communs.

Le lot A est situé le long de la rue des Meuniers, et s’implante sur une zone affectée aux stationnements de véhicules. Ces voiries privatives et les emprises minérales dédiées aux voitures constituent une grande part des espaces situés en pieds de bâtiments au détriment d’espaces paysagers et de cheminements piétonniers accessibles à tous.

Pour permettre l’augmentation des services, assurer une nouvelle d’accessibilité aux extérieurs et de créer de nouveaux espaces verts, le programme prévoit la réalisation d’une importante infrastructure de parcs de stationnement enterrés qui permettra de libérer les sols à rez-de-chaussée des contraintes liées aux besoins de voiries. Outre l’amélioration considérable de la qualité paysagère, il devient possible de générer une nouvelle densification du bâti, vecteur de la création des nouveaux services

Le site de projet possède d’indéniables qualités végétale et paysagère qu’il faut préserver. La conservation de la quasi-totalité des arbres existants est incontournable pour  le maintien de l’identité du lieu. Par la création de patios et de jardins non accessibles dans la cour de la crèche, tous les grands sujets sont valorisés apportant au projet une plus-value considérable. 

 Les masses arbustives diminueront considérablement l’impact de l’insertion du programme dans le site. Cette démarche de préservation est rendue possible par la nature du système racinaire des arbres du site. En effet les arbres feuillus qui arborent majoritairement le site et notamment les très beaux marronniers jumeaux développent un système racinaire en profondeur autour d’une racine « pivot » centrale. Il est donc tout à fait possible de prévoir leur maintien pour autant que les protections adéquates soient prescrites. 

Par ailleurs le caractère semi-enterré de l’équipement de petite enfance lui assure une discrétion optimale. Sa toiture végétalisée se développe en prolongement direct du sol naturel du jardin par un accès technique de plain-pied installant ainsi une continuité écologique de la faune et de la flore au service de la biodiversité. Cependant, une forte clôture de 2.50m de hauteur doublée d’un filtre végétal dense garantissent sécurité et intimité à la cour de la crèche. 

Les autres toitures fortement végétalisées et fleuries offrent une cinquième façade champêtre et paysagée. Les deux cours de crèche en pleine terre sont aménagées en béton drainant pour favoriser une gestion alternative des eaux pluviales. De la même manière, les eaux de toiture excédentaires sont utilisées pour l’arrosage des arbres. 

Un jardin en pleine terre non accessible met à distance la façade des logements et la cour de la crèche, garantissant la bonne cohabitation des usages et minimisant l’impact visuel de l’immeuble de logement. Légèrement surélevé, il absorbe la rampe de parking et permet la conservation des arbres existants au niveau actuel du terrain.

Enfin, la conception du parking souterrain dégage une bande de pleine terre généreuse plantée d’un alignement d’arbres qui organise l’accès de la crèche sur un véritable parvis public.