Lieu : Pont-Sainte-Maxence (60)
Calendrier : Concours 2021 – Projet classé 2e
Maîtrise d’ouvrage : Communauté de Communes des Pays d’Oise et d’Halatte
Budget : 6,5 M€ HT
Surface : 2 390 m²
Equipe maîtrise d’oeuvre : Studio 1984
Fabrice BOUGON (économie)
ARCHITECTURE ET TECHNIQUE (scénographie)
CHOULET (fluides-thermique-HQE)
TISCO Ingénierie (structure)
GAMBA (acoustique)
Images : Sora
Le projet s’appuie sur les qualités spatiales et volumétriques du bâti conservé. La forme singulière de l’extension complète la composition générale et installe un dialogue dynamique avec la salle de théâtre existante. Élaborée à partir des contraintes fonctionnelles du programme, la proposition répond aux différents objectifs de l’opération en termes d’insertion urbaine, d’attractivité, de convivialité et de qualité des conditions de travail.
Affirmer la présence urbaine de l’équipement : la culture au cœur de la vie du territoire :
À la recherche de l’équilibre entre une certaine monumentalité qui affirme son statut exceptionnel et la modestie d’une architecture accueillante, l’équipement s’adresse à la ville avec bienveillance et générosité. L’extension est pensée comme un signal urbain à l’échelle du territoire. Véritable repère dans la ville, sa forme singulière identifie immédiatement son caractère public, culturel et intercommunal. Vitrine d’une programmation ambitieuse mais accessible, La Manekine s’ouvre désormais largement sur l’espace public du parvis, invite à découvrir la diversité des activités qu’elle héberge. La grande transparence de la façade du rez-de-chaussée organise la lisibilité des accès, la fluidité des parcours et convie tous les publics à s’approprier le lieu. Ainsi, le bar et son extension en terrasse sur le parvis participent à la convivialité et à l’attractivité de l’ensemble. Cette ouverture résonne avec l’usage intense du lieu, support de représentation, mais aussi de création et de rencontre au quotidien.
Articuler le site comme un véritable pôle de service à l’échelle intercommunale :
L’implantation du projet est le fruit d’un travail minutieux sur les gabarits, l’impact des constructions par rapport au voisinage et les unes par rapport aux autres. La mise en valeur du parvis permet d’insérer finement l’équipement dans le tissu urbain du quartier, pour proposer une urbanité renouvelée. Ainsi le choix d’identifier clairement l’extension complète une composition urbaine en cohérence avec l’échelle du quartier.
Vers le centre-ville, le front urbain sur la rue Louis Boilet est conforté par l’inflexion géométrique de la nouvelle salle de spectacles. Cette configuration ménage une faille spectaculaire entre les deux volumes installant une relation nouvelle entre l’espace ouvert du parvis et la respiration végétale du cœur d’îlot mitoyen, marquant l’accès à l’équipement. La figure claire ainsi formée par l’articulation entre l’ancien et le nouveau affirme la présence urbaine de l’équipement dans la perspective de la rue Claude Chappe. Ainsi positionnée, le volume du théâtre s’adresse en fait à toute la Communauté de communes des pays d’Oise et d’Halatte, présentant une façade noble et attractive quelle que soit la direction d’où l’on arrive. Autour du vaste parvis et de son aménagement qualitatif s’organise un véritable pôle de service public intercommunal, réunissant la poste, la bibliothèque, le centre culturel municipal, l’office du tourisme et enfin la nouvelle scène régionale.
L’existant comme support de projet, un palimpseste architectural reflet de l’histoire collective de La Manekine :
Afin d’écrire cette nouvelle page de l’histoire de La Manekine dans la continuité de son identité particulière, une attention appuyée aux qualités du bâti conduit à minimiser les démolitions. Ainsi, une grande partie des locaux administratifs et d’accueil des artistes sont réinstallés dans le volume de l’ancien foyer conservé. Démarche symbolique, mais aussi économique et écologique, ce parti pris offrira des ambiances intérieures chaleureuses, où les traces de la matérialité de l’ancien bâtiment résonneront avec les aménagements contemporains. Le plancher conservé mais aussi les voiles béton support des poutres lamellé collé révèleront l’intimité constructive de l’édifice et participeront à la singularité de chaque espace. Cette esthétique de l’assemblage, du « faire avec » est avant tout pragmatique mais témoignera aussi de la richesse de l’histoire du lieu. L’extension se présente alors comme une nouvelle strate, une greffe qui valorise la volumétrie du théâtre existant. La nouvelle salle réinterprète en plan la géométrie de la toiture en pente initiant un dialogue entre les deux générations d’équipements et entre les usages multiples accueillis par La Manekine.
Matérialité située :
Le projet est conçu en pierre massive porteuse, exploitées dans les carrières de Saint-Maximin à 16 kilomètres de Pont-Sainte-Maxence. C’est la proximité et la vitalité des filières d’exploitation de la pierre massive de l’Oise qui rendent ce matériau pertinent sur le plan économique encore aujourd’hui. Construire avec cette matière concourt ainsi au développement économique local et durable. L’utilisation de la pierre massive dans la construction est une performance environnementale. Peu transformée, peu transportée elle confère au bâtiment un bon bilan carbone et une grande pérennité. Un mur en pierre remplit une part importante des besoins contemporains d’une paroi, structure, isolement acoustique, revêtement extérieur et intérieur, là où la paroi courante aurait nécessité 7 ou 8 couches de matériaux différents, accompagnés de l’énergie nécessaire à leur transformation, leur transport et leur mise en oeuvre. Cette hyper-spécialisation des matériaux de construction raconte aussi leur fragilité, alors que l’épaisseur de la pierre va lui permettre de s’user sans s’abîmer.
À l’intérieur, dans une démarche d’échange avec les utilisateurs, le dessin sur mesure d’ensembles menuisés en bois, parois, plafonds, rangements et signalétique permettra de dissimuler l’ensemble des équipements, réseaux, émergences techniques nécessaires aux conforts acoustique et thermique. La qualité de la réalisation de ces aménagements fera démonstration de la compatibilité entre un travail artisanal témoignant de savoir-faire manuels traditionnels et la technicité exigeante d’un équipement aussi spécifique.
Enfin, dans une démarche d’économie circulaire, un diagnostic très précis du potentiel de réemploi des matériaux issus de la déconstruction des bâtiments existants sera effectué par un partenaire spécialisé. L’intégration d’un maximum de matières de réemploi sera également déterminant dans la réduction du bilan carbone de l’opération.