Lieu : Ollioules (83)
Calendrier : Projet classé 2e
Maîtrise d’ouvrage : Var Aménagement Développement
Budget : 30 M€ HT
Surface : 4962 m² SHAB + 12000 m² extérieurs
Equipe maîtrise d’oeuvre : Studio 1984
et Bruno MADER (mandataire)
SOL.A.I.R. (fluides)
VERDI (vrd)
Fabrice BOUGON (économie)
Technique & Architecture (scénographie)
BT Paysage (paysage)
GAMBA (acoustique)
BEGT (géotechnique)
CSD Associés (SSI)
Images : jeudi.wang
Affirmer la présence urbaine de l’équipement, valoriser les qualités patrimoniales du site :
Les qualités paysagères et urbaines du site offrent l’opportunité unique de bâtir en centre-ville un ensemble architectural ambitieux qui s’insère en finesse dans le contexte local. A la recherche de l’équilibre subtil entre la présence urbaine du nouvel équipement métropolitain et une attitude discrète dans le contexte patrimonial Ollioulais, l’espace culturel présente une architecture contemporaine assumée qui fait écho à l’identité de la ville. Il en prolonge et réinterprète certaines caractéristiques marquantes : constructions en pierre calcaire, venelles étroites, échappées visuelles, diversité de parcours, terrasses en balcon sur la Reppe. Le travail architectural mené sur les volumes et leurs échelles est guidé par une double ambition : s’insérer avec subtilité et s’affirmer sans heurter.
Un dialogue étroit avec la ville :
L’implantation générale du projet organise la continuité de l’espace public, confortant l’alignement sur la rue Loutin et assurant la cohérence géométrique de trois nouvelles centralités urbaines. Chacun de ces espaces urbains majeurs est valorisé par des rez-de-chaussée actifs et animés. Deux programmes culturels principaux s’ouvrent largement sur le nouveau parc de la république. A l’angle de la rue Loutin et de la rue du général Leclerc de Hautecloque, affirmant sa position stratégique, la médiathèque, donne à voir ses espaces de lecture au travers de larges baies vitrées. Son architecture et son échelle en font un repère urbain fort. Au niveau supérieur, le bâtiment accueille la RAM dotée d’une terrasse-jardin. Cette association programmatique conforte le caractère pédagogique et éducatif de l’édifice. Complétant la façade sur jardin, la salle polyvalente présente un volume horizontal largement vitré sur le parc.
Le cinéma affirme le caractère urbain de la place du général Leclerc de Hautecloque reconfigurée, il jouit d’une forte visibilité et d’un d’accès aisé. Sur la Reppe, la salle communale, la brasserie, le conservatoire et sa terrasse musicale confèrent aux rives une atmosphère conviviale qui invite à la rencontre. Elle bénéficie d’une situation au calme, de vues lointaines sur les pinèdes. Les terrasses et placettes qui entourent le restaurant permettent de larges extensions extérieures. On y déjeune, on y dîne, en contemplant le paysage naturel de la Reppe, à l’abri de l’agitation urbaine.
Au sud-est l’immeuble de bureaux complète la composition d’ensemble. Il bénéfice de l’ambiance végétale et apaisée du square Giuseppe Verdi. Les accès convergent vers un hall commun qui met en relation les différentes entités autour d’un espace généreux, ouvert, flexible et convivial, lieu de rencontre ou d’attente. Il intègre des mobiliers d’assise et d’exposition et ouvre sur chaque programme, favorisant des relations directes entre brasserie, cinéma et salle polyvalente.
Une urbanité forte organisée autour d’un espace d’accueil fédérateur :
Les différents programmes prennent place dans des édifices volontairement distincts et identifiables. Ils forment un ensemble résolument urbain ou chaque fonction prend naturellement sa place autour de l’espace public du hall. La clarté de la répartition programmatique répond aux contraintes fonctionnelles et sécuritaires mais elle résulte surtout d’une recherche d’articulation de l’échelle du centre historique avec ce nouvel équipement métropolitain.
C’est un véritable morceau de ville dont la densité équilibrée qualifie aussi bien les espaces libres que les volumes bâtis. La morphologie proposée offre des vues traversantes et transversales qui révèlent le paysage progressivement au cours de la déambulation. Des volumes simples précisément dimensionnés ménagent des interstices, des venelles dont la faible largeur offrent une ambiance ombragée et fraiche en été et protège des vents dominants en hiver.
Cette articulation volumétrique produit à l’intérieur des programmes, une grande diversité de vues et d’orientation vers le paysage lointain et au niveau du sol de la ville une grande richesse spatiale. Les légers décalages introduisent une lecture pittoresque de l’espace urbain produisant une succession de cadrages qui anime la découverte progressive du paysage. Cette attention aux qualités d’ambiance de l’architecture vernaculaire revêt également un caractère identitaire, faisant le lien avec la greffe contemporaine en continuité du centre-ville. De la même manière le dispositif de passage sous porche largement développé à Ollioules est réinterprété pour inviter tous les publics à s’approprier l’équipement, découvrant le hall central au gré d’une promenade ou d’un déplacement quotidien. L’espace fédérateur du hall commun, véritable agora urbaine, prolonge l’espace public et distribue tous les équipements de façon lisible.
Assumer la spécificité des programmes, assurer la cohérence d’ensemble :
L’espace culturel rassemble ainsi plusieurs entités identifiées : le cinéma, la médiathèque et la salle polyvalente jouissent chacune d’une grande lisibilité depuis l’espace public. Côté Reppe le conservatoire, la brasserie et le bâtiment de bureaux, proposent une perception plus fragmentée d’un ensemble dont les volumes s’abaissent progressivement vers les berges. Cette répartition programmatique permet un fonctionnement souple et réversible dans le temps des différents équipements qui peuvent fonctionner aussi bien ensemble que séparément. En effet chacun d’entre eux est desservi par le hall commun mais dispose également d’un accès indépendant. La nécessité d’indépendance structurelle et d’isolement entre eux valide cette stratégie sur le plan de la sécurité et de la règlementation.
La composition des masses bâties, l’unité de matière et la fragmentation du programme en différents volumes dont l’échelle résonne avec le contexte concourent à une intégration en douceur, adaptée avec la situation urbaine et l’identité locale. La matérialité forte du calcaire unifie les programmes dans un ensemble cohérent aux volumétries soigneusement composées, en rapport avec les différentes situations urbaines des bâtiments.
Une matérialité située :
Le centre culturel est conçu en pierres calcaire locale. C’est d’abord le choix de la discrétion, celui de continuer à construire en pierres dans un quartier historique, où les immeubles, les villas et surtout l’église Saint Laurent en covisibilité ont été construits en calcaire.
L’utilisation de la pierre massive dans la construction est une performance environnementale. Peu transformée, peu transportée elle confère au bâtiment un bon bilan carbone et une grande pérennité. Un mur en pierres remplit une part importante des besoins contemporains d’une paroi, structure, isolement acoustique, revêtement extérieur et intérieur. Enfin, construire en pierres massives est une évidence de confort dans un climat méditerranéen pour ses capacités à stocker la fraîcheur.
C’est la proximité et la vitalité des filières d’exploitation de la pierre massive dans les carrières de Provence qui rendent la matière pertinente sur le plan économique encore aujourd’hui. Ainsi un travail abouti sur la rationalisation et la standardisation des modules de pierre permet une mise en œuvre simple et rapide donc économique. Cette technique présente également l’avantage d’un chantier propre, sans poussière ni nuisance sonore. La filière pierre monte actuellement en puissance en France et particulièrement en Provence. Le projet est donc l’occasion de soutenir le développement de cette filière locale.
Un espace public méditerranéen :
L’ambition globale est de faire de ce nouveau projet un morceau de ville. Les aménagements s’inspirent très largement, en taille, en contenu, en facture des espaces existants d’Ollioules. On peut faire un parallèle entre le mail et la place Jean Jaurès, entres les venelles du centre-ville médiéval et celles
du nouvel équipement culturel. On observe une continuité entre le jardin Giuseppe Verdi, le square du Général Leclerc et le chapelet de renflements, de cheminements, de jardins, de parking existant dont on imagine une évolution future, le long de la Reppe. Si l’espace urbain, par son écriture, affirme une modernité sans pastiche, la qualité, la taille des composants du projet témoigne de la volonté de tisser un maximum de lien. Une fois le projet réalisé, on imagine des Ollioulais, déambulant, sans être dépaysés, en ne percevant plus ce qui était là avant et ce qui est arrivé ensuite.